#Flashback / L’histoire d’un héritage : d’Armande à l’Agence
Le projet de l’Agence pour le développement des métiers d’art a une histoire. Cette histoire a un nom, Armande. Elle commence en Lozère, en 1993.
C’est à cette date qu’a été créée l’association Armande, sous l’impulsion du céramiste Loul Combres et de Jean-Jacques Delmas (maire de Mende de 1983 à 2008, aujourd’hui disparu). Soutenue par la ville, le Conseil général de la Lozère, la région Languedoc-Roussillon, les ministères de la Culture et de l’Artisanat, la Datar et l’Europe, Armande a oeuvré pendant cinq ans pour l’intégration de l’art dans l’architecture et dans l’espace public.
Composée de deux commerciaux et d’une secrétaire, Armande a fonctionné comme un véritable bureau d’étude permettant le développement des projets, en leur assurant une sécurité juridique et en garantissant, pour les donneurs d’ordre comme pour les professionnels prestataires, la maîtrise et le suivi technique des chantiers.
Près de 400 dossiers permirent à 150 à 200 artistes et professionnels des métiers d’art d’intervenir sur 130 chantiers. Armande répondait aux appels d’offre, voire les devançait : force de proposition, elle avait réussi à initier des marchés auprès des collectivités et des architectes. Côté prestataires, elle avait travaillé à la formation des artistes et professionnels des métiers d’art, sur des questions parfois très techniques (création de fontaines par exemple).
Assez vite, Armande a réussi à trouver un équilibre financier, les commissions prises sur les chantiers permettant de financier les postes salariés et le fonctionnement de l’association. Mais 5 ans plus tard, un changement de donne politique priva l’association des soutiens indispensables à son fonctionnement. Avec de l’amertume, car l’association avait fait la preuve de son autonomie, Armande dû cesser son activité.
Une dizaine d’années plus tard, l’association Trajectoires, dont certains membres (Georges Stalh notamment) avaient réalisés des chantiers dans ce cadre, décida de tirer Armande de son sommeil. Avec l’aide du Pays de l’Ardèche méridionale et du Parc naturel régional des Monts d’Ardèche, Trajectoires organisa le 30 novembre 2012 un séminaire d’étude. Plus de 60 personnes, professionnels des métiers d’art, élus, techniciens des territoires, partenaires, se réunirent à la Chambre des métiers et de l’artisanat de l’Ardèche à Guilherand-Granges. Trois tables rondes permirent de partager les expériences, les attentes et dégager des axes de réflexion et d’action : « Comprendre les besoins des collectivités et des donneurs d’ordre », « Comment structurer l’offre des créateurs » et « Comment rendre l’agence artistique opérationnelle ».
Par la suite, deux séminaires techniques à destination des professionnels des métiers d’art furent organisés sur le thème des interventions en intérieur et en extérieur des métiers d’art pour la commande publique.
C’est sur ces premières bases que commença, dès la fin de l’année 2013, le travail de montage de l’Agence, autour d’un noyau composé de Claude Vernet, bijoutier, Helmut Frerick, fabricant de luminaires en parchemin végétal, et Frédéric Mulatier, vannier. Début 2014, Tom Charbit, céramiste, alors délégué régional d’Ateliers d’Art de France, fut associé au travail collectif. Petit à petit, de nombreux professionnels des métiers d’art rejoignirent au projet, parmi lesquels Yzo, forgeronne, ou encore Jean-Luc Alloneau, céramiste.
Assez vite, l’idée d’ouvrir les offres à des publics plus larges que ceux des collectivités et des institutions publiques s’est imposée, cette ouverture permettant de toucher tous les professionnels des métiers d’art. Le développement des offres Découverte (orientées vers le grand public et le tourisme) ou des offres Sensibilisation (à destination des scolaires notamment) s’inscrit dans cet volonté.
L’Agence telle qu’elle existe aujourd’hui est le fruit de cette histoire faite de solidarité, de transmission et d’innovation : autant de valeurs qui résument fidèlement l’esprit des métiers d’art.